L’espace se construit socialement mais aussi discursivement. Dans le cas des quartiers dits prioritaires, la mise en mots de ces espaces participe à leur construction sociale en les instituant comme « problème de société ». À travers et à partir d’une recherche-médiation au sein d’une collectivité, cette thèse vise à appréhender les implications de cette construction socio-discursive en interrogeant les discours et les représentations dominantes sur ces espaces urbains. Ce sont alors les implications sur l’espace conçu par les professionnel·le·s qui sont appréhendées en lien avec l’espace vécu des habitant·e·s. L’approche proposée dans ce travail est ainsi résolument interdisciplinaire (sociolinguistique et géographie sociale) puisqu’elle vise à interroger les relations entre rapports sociaux et dimensions spatiales à l’aune d’une perspective langagière. Cette recherche s’appuie sur un travail ethnographique réalisé au sein de Rennes Métropole et sur trois quartiers dits prioritaires de Rennes. Une approche filmique a aussi été mobilisée avec la réalisation d’un documentaire qui correspond au deuxième volet de cette thèse écrite. Le film a été envisagé comme une méthode de recherche à part entière mais également comme un support de médiation. Ce sont d’ailleurs plusieurs espaces de médiations scientifiques qui ont été mis en place tout au long de ce travail et qui ont permis d’apporter une dimension réflexive aux professionnel·le·s. Le croisement de tous ces éléments permet de mettre notamment en lumière un processus de marginalisation, qui renvoie à une mise à distance sociale, spatiale et discursive des habitant·e·s de ces espaces urbains.
Mots clés : quartiers dits prioritaires, géographie sociale, sociolinguistique, marginalisation, film documentaire, espace vécu